par le Théâtre du Soleil
d’après Théophile Gautier
adaptation de Philippe Léotard
mise en scène d’Ariane Mnouchkine
Dédicace aux banlieues de Paris
Navires attachés comme aux portes des terres
Bateaux banlieues d’Asnières ou de Gennevilliers
Bâtiments de Montreuil, bâtiments de Nanterre
Levez l’ancre et hissez la voile : c’est l’été.
La mer est grande ouverte et si le vent est doux
A vos flancs balancés battra l’ éclair des phares
Laissez les matelots vous dire cette histoire
Que les vagues du temps ont portée jusqu’à nous
Nous la raconterons et de nos mains avides
Nous bâtirons l’espace et le temps du bonheur
C’est assez de silence, il faut peupler le vide
Et que vive la fable et que tremblent les cœurs
Des rôles ont changé ; l’aventure est la même
Bien que le goût du jour ait transformé les mots
Et puis pour être franc, pas seulement les mots
Il faut bien que chacun fabrique ce qu’il aime.
Nous avons dû garder la couleur de nos rêves
Au risque de tromper l’espoir de quelques-uns
Pardonne-nous Public, car les fêtes sont brêves,
Nous avons oublié ce dont tu te souviens
Demain, tu songeras peut-être comme nous
Que la beauté du monde est encore à venir
Que toi et moi ce soir nous en cherchons le goût
Que toi seul peut m’aider à te la découvrir.
Frappe donc dans tes mains autant que tu voudras
Et n’oublie pas non plus de rire s’il le faut
Si tu n’es pas content, ne le montre pas trop
Pour dire ton dépit un soupir suffira.
Pour le large et le bruit, pour la fête et l’été
Envolez-vous ce soir des hanses solitaires,
Navires attachés comme aux portes des terres
Aux ports des boulevards où vous vous balancez.
Philippe Léotard