Là-basLettre à nos hommes qui sont là-bas. Un brin d’amertume, il faut bien le dire, dans l’émotion qui naît à l’écoute de « Lettres à nos hommes qui sont là-bas » : nous sommes en 2009, la Grande Guerre est loin, mais lointaine aussi l’habitude d’écrire des lettres, de coucher ses pensées sur le papier, de coller un timbre sur une enveloppe pour dire à l’autre ses sentiments les plus vifs. Une guerre éclaterait que l’on s’enverrait des mails – plus de rature, plus de calligraphie pour témoigner de ce que l’acte d’écrire devrait avoir de personnel. Des kilomètres de messages échangés disparus en un clic, direction corbeille ! Au contraire, ces lettres adressées à des poilus qui ne les ont jamais reçues sont déjà toute une histoire avant lecture du contenu : à regarder seulement la qualité du papier, le tremblé ou l’élégance de l’écriture, l’application ou les biffures… Outre sa valeur de témoignage, on peut voir dans ce spectacle un hommage rendu à une pratique sociale en voie de disparition – et pourtant, quel régal et quelle richesse pour la postérité que les correspondances échangées dans les siècles passés ! De cette correspondance orpheline retrouvée dans de vieux sacs postaux, Jean-Pierre Tailhade se fait la voix et Didier Dulieux la mélodie, dans un dialogue entre la lettre et l’accordéon mis en scène par Michel Mathieu. Manon Ona – Le clou dans la planche. | Didier Dulieux (à l'accordéon) et Jean-Pierre Tailhade. Cave Poésie, Toulouse. © Carlos Medeiros | Didier Dulieux (à l'accordéon) et Jean-Pierre Tailhade. Cave Poésie, Toulouse. © Carlos Medeiros | Jean-Pierre Tailhade. © Carlos Medeiros | Jean-Pierre Tailhade. © Carlos Medeiros |